Il précise également “ je me plaisais chez les vignerons parce qu’ils étaient généreux.”
Vin royal, Le préféré du Roi Soleil…Et de la famille Renoir
Obtenue en 1947 comme recours au marasme qui affecte alors la production locale de Champagne, l’appellation Rosé des Riceys s’applique à un vin tranquille réputé. Il fournit au XVIIIe s. jusqu’aux deux-tiers des expéditions d’un négoce local prospère, dont les Flandres et l’actuelle Belgique étaient les marchés favoris. Dès la première édition de sa Topographie de tous les vignobles connus (1816), premier guide systématique des vignobles et des vins, André Jullien (1766-1832), négociant en vins établi à Paris, fondateur en France de la critique œnologique, fait l’éloge des « vins rosés ou clairets » des Riceys. « Vin clairet » désigne alors un « vin rouge léger et peu coloré », mais de couleur soutenue, du type « vin vermeil », dominant dans la consommation de la France des XVIIe-XVIIIe siècles, comme le célèbre en 1642 le poète baroque Saint-Amant :
« Baye moi donc de ce vin vermeil ; Bref, c’est mon feu, mon sang et mon soleil ».
Pour le grand critique La Reynière au XVIIIe siècle, le Rosé des Riceys était le « meilleur Rosé du monde ».
Dans la biographie qu’il consacre au peintre Renoir son père, le cinéaste Jean Renoir (1894-1979) rappelle un rituel de la famille lors de ses villégiatures d’été à Essoyes, autour de 1900 : on attelait le cheval à la voiture pour se rendre aux Riceys, le « pays du vin rosé ». Jean rappelle que son père buvait très peu de vin, « ce qui faisait croire [à Essoyes] qu’il était malade » (sic), mais en la circonstance, il commandait « plus d’une bouteille de pinot rosé ».
Le « pinot rosé des Riceys » du peintre Renoir
(Jean Renoir, Pierre-Auguste Renoir, mon père, Folio-Gallimard, 1981, p. 390-391)
Des maçons ricetons qui participaient à la construction du Château de Versailles y firent connaître le Rosé des Riceys qui put ainsi paraître avec d’autres vins à la table royale.